Expérience à EKO! : Un projet Low-Tech pour et avec les réfugiés
Pendant mon séjour de plus de trois semaines à Chantemerle, il est rapidement apparu que mon aide à la filature n’était ni nécessaire ni vraiment sollicitée. Face à ce constat, j’ai décidé de m’investir dans une association située non loin de là, à Briançon : EKO!. Cette organisation mène plusieurs projets à vocation écologique et solidaire, et j’ai principalement contribué au projet Low-Tech & Réfugiés.
Bien que les low-tech soient accessibles à toutes et tous, le projet Low-Tech & Réfugiés comme son nom l’indique met un accent particulier sur l’accompagnement des personnes réfugiées souvent confrontées à de multiples obstacles : discrimination ethno-raciale, déracinement, barrière linguistique, isolement social, précarité économique, accès limité aux soins de santé, absence de logement stable ou encore non reconnaissance des qualifications.
Dans ce contexte, les associations d’aide aux personnes réfugiées se concentrent principalement sur la satisfaction des besoins fondamentaux, comme l’accès à des soins, à un logement ou à une alimentation décente. EKO!, en revanche, agit en complément de ces initiatives, avec des actions de seconde ligne visant à tisser des liens, redonner confiance et favoriser la résilience. C’est là que les low-tech jouent un rôle clé ! Les low-tech (en opposition au high-tech) désignent une catégorie de techniques durables, simples, appropriables, résilientes produisant des objets facilement réparables et adaptables. Elles répondent à des besoins essentiels tout en encourageant l’autonomie. Par essence, elles sont universelles et peuvent être adaptées à tous les parcours de vie, indépendamment de l’âge, du genre ou de l’origine des personnes. La création ou la réparation d’objets low-tech apporte immédiatement une forme d’empouvoirement (ou empowerment, pour les bilingues). Elle offre la satisfaction de réaliser quelque chose de ses propres mains, tout en créant un espace propice à la rencontre, au partage et à l’échange voire à la formation.
Les quelques jours passés à EKO! ont été une expérience enrichissante, marquée par des rencontres avec des personnes issues de pays, de cultures et d'âges différents. Chacune d’elles a apporté ses connaissances et sa curiosité aux différentes activités créant une dynamique d’échange et d’apprentissage mutuel.
Un des moments qui m'a particulièrement marqué, c’est l’atelier de formation aux bases de l’électricité. Nous étions une dizaine autour de Marc, qui nous a expliqué le fonctionnement d’un système électrique de maison avec simplicité et patience, en alternant entre français et anglais pour que tout le monde autour de la table puisse comprendre. Nous avons ensuite mis en pratique les explications : poser et raccorder les câbles d’une prise, dénuder la gaine puis les câbles… Tout était à portée de main et, peu à peu, chacun a pu apprendre à son rythme. Les erreurs des uns aidaient les autres à faire mieux.

Un autre moment fort a été l’atelier réparation de vélos. Je n’y ai participé qu’une fois mais il a lieu deux fois par semaine. Là aussi, l’esprit collectif était au rendez-vous. Les participants ont travaillé ensemble pour remettre en état un vélo. Concrètement à cet atelier, les bénévoles n’avaient pas de connaissances techniques particulières à partager. C’est donc l'un des participants, ayant déjà réparé des vélos par le passé, qui a guidé les autres, ce qui a permis de renforcer l’entraide et la coopération. Les objectifs de ces ateliers sont pluriels : au-delà d’apporter des compétences techniques, ils offrent un cadre d’apprentissage horizontal, où tout le monde apprend des uns et des autres, renforçant la confiance en soi et en ses capacités.
L’un des défis à EKO! est la diversité linguistique. Les premières minutes peuvent donner l’impression d’une barrière, mais très vite, elle est franchie par les rires, les gestes et le travail collectif. Ce que j’ai retenu, c’est que même quand les mots sont difficiles à trouver, le “faire ensemble” et le partage d’expériences suffisent pour créer du lien.