Les Fourmis vertes

Les Fourmis vertes


Mercredi jeudi :
Morgane nous présente le lieu. L’endroit est immense. C’est la première fois que je vais dans une ressourcerie, à l’exception d’Emmaüs.
Nous faisons du tri, du rangement, de la mise en rayon. Je trie une dizaine de tables de bibelot par couleur, puis je m’attaque aux pots de fleurs.
C’est fou tout ce qu’on peut accumuler.
Je me fais régulièrement cette réflexion mais ici elle me frappe d’autant plus que la superficie du lieu est gigantesque. Il y a un espace de tri, exceptionnellement dégagé en vue de l’anniversaire des fourmis vertes que nous allions fêter le samedi, un espace boutique, ou chacun peut déambuler parmi les tables dressées par les bénévoles, les bureaux munis de leurs fournitures, et de nombreux autres couloirs. De l’autre côté, un atelier vélo, un atelier informatique, un atelier relookage de meubles.
Chaque objet est manipulé en moyenne 5 fois m’a-t-on dit. 22 tonnes collectées par mois deviennent 110 tonnes.
Est-ce que c’est pertinent de passer du temps à ranger, présenter toutes ces choses ? Cette corne à boire par exemple ? Ce vase rempli de fleurs en plastiques ? Ce petit coffre de 3 X 5 cm² en porcelaine ? Et la quinzaine d’appareil à raclette qui s’entassent sur les étagères alors que d’autre continuent à affluer ?
Qu’on ne s’y méprenne pas, je ne suis pas en train de râler, j’adore trier les objets par couleur.
Je me dis simplement que si tout le monde suivait la méthode « Bisou » beaucoup d’objet ne seraient pas là.
Qu’est-ce que la méthode bisou me direz-vous ? Il s’agit d’un acronyme. Si vous passez par la ressourcerie des fourmis vertes, vous croiserez sans doute ce tableau noir qui récapitule les bonnes questions pour mieux consommer.
Besoin -> est ce que j’ai déjà cet objet ?
Immédiat -> est-ce que mon achat peut attendre ?
Similaire -> est-ce que j’ai déjà un objet similaire chez moi ?
Origine -> d’où vient ce produit ?
Utile -> est-ce que cet objet me servira ? Comment je faisais avant ?
Et pourtant les fourmis vertes récupèrent bon nombre de petites babioles peu utiles. Pourquoi s’embêter avec tout ça ? La réponse n’est pas difficile, ce n’est pas cher et ça fait plaisir. La plupart trouvent un acheteur, d’autres finalement se retrouvent à la poubelle, lorsqu’un salarié responsable du tri voit au détour d’une allée une étiquette indiquant que le bibelot non identifié est là depuis l’année passée.
L’ensemble de ces bricoles à 50c, 1 ou 2 euros rapportent autant que tout le reste réuni, à savoir les meubles, les vélos, l’électroménager, les jeux de société…) et elles sont plus facile à gérer (pas de démontage, de révision ou de test.) Alors pourquoi s’en priver ?
Vendredi :
Une journée studieuse qui commence avec le découpage des légumes, qui seront utilisé dans une démonstration de la marmite Norvégienne. Le principe de ce mode de cuisson low-tech est de maximiser l’efficacité thermique de la cuisson tout en minimisant les pertes de chaleur.
Ci certain veulent fabriquer leur propre marmite norvégienne : -> https://wiki.lowtechlab.org/wiki/Marmite_norvégienne. )

Je lâche mon couteau pour aller suivre une initiation à la lactofermentation.
-> https://revolutionfermentation.com/blogs/category/kombucha/
une marque pour mettre des bocaux sous vide : -> https://bonjourbocup.fr/

J’assiste également à une fresque des low-tech présentée par des membres de la coopérative Cap Low-Tech en début d’après midi suivi d’une présentation du réseau low-tech normand par Ilan Vermeren, (ADEME),
et d’une conférence sur l'impact matériel du numérique : Un numérique sans fin par Manuel Gaultier et Thibault Dugast, dont voici le site ressource -> https://numeriquesansfin.fr/

On nous parle d’effet rebond, d’énergie, de la matérialité de ce qu’on nous présente comme immatérielle.
Dans le numérique aussi, l’accumulation des datas est énorme. Et moi qui ai toujours 10 000 photos sur mon téléphone et toujours pas stocké ailleurs, je ne sais pas si c’est dans un cloud ou pas, je comprends rien et c’est pas fait pour que ça soit simple. Plutôt pour que tu achètes le stockage en plus qu’on essaye de te vendre dans un cloud je sais pas ou. Le cloud. Comme si c’était un nuage alors que c’est plutôt du cobalt, du lithium, du cuivre… quoi que. Un téléphone c’est aussi plus de 80 000 litres d’eau ça se tient.

Des images plein la tête
Je ne suis restée que quelques jours, et je regrette de ne pas avoir eu d’avantage le temps de rencontrer les salariés et bénévoles. Beaucoup ont des parcours très atypique, j’ai notamment discuté avec Aurélien, qui a été photographe professionnel pendant de nombreuses années. Photographe animalier plus précisément il me semble. C’est lui qui a élevé les oies du film le peuple migrateur de Jacques Perrin. Il me parle de pélican également. Je lui demande si c’est lui qui a élevé le pélican du film Nicostratos. Oui ! Pour l’un d’entre eux en tout cas. Aujourd’hui, il ne désire plus une vie de voyage et cherche à se poser. Son mi-temps aux fourmis verte lui permet de se réserver du temps pour peindre. Certaines de ces peintures et photos ont d’ailleurs été exposées le jour de l’anniversaire. Ce samedi, nous avons également pu profiter du talent de Max, un autre salarié qui a déployé une énergie incroyable au micro pour nous faire vivre sa musique.

Je repars avec un appareil photo argentique, choisi d’après les conseils d’aurélien, et un vélo gitane rouge.

Je suis complètement fan de cette batterie en casserole j’avais envie de la montrer.


A cette occasion, étaient aussi exposé les jeux en bois créent par Bernard, chez qui Maxime, Mathilde, Maelle et moi logions pour la semaine. Un grand merci à lui et à Marie qui nous ont réservé un accueil des plus chaleureux.
Un jardinier et une cuisinière hors pair qui nous ont somptueusement nourri.
Je garde l’idée du tambour de machine à laver enterrer pour conserver les carottes, et du crumble aux fruits rouge.
Je profite également de mon séjour pour lire la BD de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici Le monde sans fin.
On parle d’effet rebond, d’énergie, des ressources nécessaire à l’avènement d’une société de service, ou l’emploi de bureau prévaut.

Le dimanche, nous faisons une sortie à vélo de Flers jusqu’à Domfront, avec Maxime et Maelle.
Maxime rentre en vélo. Maelle et moi on appelle Bernard pour qu’il vienne nous chercher avant la partie vallonnée. J’en peux plus, et dire que j’envisage de faire mon voyage à vélo…
Je ne peux pas clore le chapitre de notre séjour chez Marie et Bernard sans vous parler de la table de Pythagore.
En plus d’aimer fabriquer des jeux, Bernard a également la passion des mathématiques. A la rencontre de ces deux thématiques, vous trouverez ici une version 3D de la table de Pythagore, présenté par notre hôte : https://www.latabledepythagore.fr/. Un outil à destination des écoles et des orthophonistes, pour ceux qui, comme nombre d’entre nous ont du mal à comprendre cette langue abstraite.
Je fais encore des cauchemars de mon prof de math qui me dit « il n’y a rien à comprendre, tu appliques », je vous souhaite d’avoir un prof comme Bernard !

Ça fait bien 10 tables.

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