Longo Maï

Que dire de mon séjour de 4 semaines à la coopérative Longo Maï de Limans ? Je ne sais même pas par quoi commencer tant ma tête est encore pleine d’apprentissages et de questionnements.
Longo Maï est une association qui a plusieurs coopératives à travers le monde. A Limans, un collectif existe depuis 1973. C’est le plus grand et le plus ancien collectif existant de l’association.
Longo Maï, c’est surtout l’expérimentation d’un mode de vie solidaire et écologique. Halte au système capitaliste tel qu’il existe de nos jours. Cela se traduit par une mutualisation des richesses financières et matérielles, une organisation collective sans hiérarchie ; les activités sont diverses et ont pour principal objectif de subvenir aux besoins du collectif : entretien du terrain et de la forêt, élevage, agriculture paysanne, boulangerie paysanne, bucheronnage, plantes aromatiques et médicinales, garage automobile, menuiserie, confection de vêtements…
Être à Longo m’a beaucoup appris, notamment sur le militantisme politique. Il est vrai que je m’intéresse aux actualités, je défends mes idées en petit comité, mais lorsque l’on m’a proposé de parler à la radio pour parler des conditions de travail des infirmières, je me suis demandée quel impact mes paroles auraient et surtout comment elles seraient entendues. Cela m’a permis de me rendre compte qu’il est important que chacun.e puisse exprimer son avis librement et que c’est essentiel pour pouvoir réfléchir et agir. Chacun.e a un avis, qui peut et doit être entendu et c’est pour moi essentiel d’avoir plusieurs témoignages/arguments pour pouvoir ensuite construire/ nourrir sa pensée individuelle. Maintenant, je m’autorise plus à exprimer une opinion, en parlant en mon nom, sans penser détenir la stricte vérité, mais en faisant part de mon vécu, mes observations, mes questionnements.
J’ai adoré observer les savoir-faire paysans, je trouve ça fascinant. Pour moi, tout a tellement plus de sens lorsque les activités sont faites à plus petite échelle, à travailler la terre avec des outils non motorisés, à prendre plus de plaisir car on n’est pas contraint par une pression de rentabilité économique et temporelle et car on a le temps de réfléchir à sa façon de travailler. Et, c’est incroyable ! Le modèle économique de Longo Maï permet ça, et c’est quelque chose que je n’ai observé nulle part ailleurs !
L’association Longo Maï existe à la fois grâce à des dons (elle est reconnue d’utilité publique en suisse) mais aussi grâce à la vente de ses productions. En mutualisant les ressources et les forces humaines, j’ai l’impression qu’ils se sont réellement allégés d’une pression économique constante, n’est-ce pas ça la liberté ?
Il y aurait encore tant d’autres choses à dire mais le dernier point que j’ai envie d’aborder concerne la cohabitation intergénérationnelle. Ce qui est très intéressant c’est que l’on pourrait penser que les problématiques sociétales ne se retrouvent pas ou peu dans des collectifs alternatifs et pourtant… ! Cela questionne le fonctionnement humain surtout, je crois, et non l’appartenance ou non à la société capitaliste. Des générations cohabitent à Longo Maï et j’ai trouvé ça très intéressant d’observer ce que chaque génération apportait comme questionnement et comment chacune nourrissait le collectif sur différents aspects. Pour moi, la génération qui était présente lors de la création de la coopérative est une réelle source de savoir-faire, de connaissances théoriques et pratiques et détient surtout une expérience imbattable du collectif ! Ils ont déjà vécu tout un tas de situations qu’ils ont déjà questionnées et affrontées ! La nouvelle génération, elle, permet de remettre en question les rapports inter-personne, la communication non violente, la gouvernance partagée, l’identité sexuelle, le prendre soin, l’inclusion et la libération de la parole. Je trouve cette richesse humaine effarante, le défi est d’arriver parfois à se comprendre et avancer ensemble !
Sur cette vidéo, personne n’apparait à part Martin (un collègue du service civique), et moi, c’est un choix car je sentais que la plupart des habitants n’étaient pas à l’aise à l’idée d’être filmé et d’apparaître sur internet, mais, les paysages sont tellement beaux non ?
Maëlle