Quels ingrédients pour un projet low-tech impliquant tous les acteurs d'un territoire ?

Le Hangar Zéro, Le Havre, 76 : Tiers lieu et chantier participatif
Écologie le havre - Le Hangar Zéro
Le Hangar Zéro est un tiers-lieu, laboratoire de la transition écologique et citoyenne sur Le Havre.

Imaginez au Havre un vieux et immense hangar de près de 20 mètre de haut, initialement utilisé pour stocker des marchandises venant du monde entier acheminées via le port.
Dans ce même hangar, imaginez maintenant plus de 32 containers déclassés, empilés comme un Tetris géant en 3 dimensions. Chaque boîte de métal est reliée par des passerelles en bois, formant ainsi des étages, des salles de travail, des espaces de vie, ect...
Imaginez enfin que tout l'aménagement de ce village de containers soit réalisé à partir de 90% de matériaux de réemploi :

  • Des cloisons intérieures composées d'un cadre en bois et de faux plafonds, recouverts d'une toile de jute, le tout enduit de terre crue ;
  • Des structures en bois, sourcée chez Siemens, constructeur d'éolienne qui ne savait pas quoi faire des planches permettant de stocker les palles durant leur transport ;
  • Des portes et fenêtres récupérées sur des chantiers de déconstruction, ...
    Enfin, je vous demande un dernier effort pour imaginer le tout sous la forme d'un chantier participatif en continu, ouvert à tout.e.s, ce qui en ferait le plus grand chantier en France de ce type !

Ce projet existe bel et bien, et il se nomme le Hangar Zéro. Il s'agit d'une SCIC, Société Coopérative d'Intérêt Collectif, (nous y reviendrons) qui souhaite en effet prouver qu'il est possible de réhabiliter un bâtiment imposant pour y accueillir du public à l'année avec 3 objectifs clairs :

  • Emmètre le moins de CO2 possible ;
  • Ne laisser personne en dehors du projet et penser le chantier ainsi que le lieu de manière inclusive ;
  • Faire tout ceci avec un budget serré et avec l'aide de dizaines de bénévoles.

J'ai eu la chance de passer une semaine entière au Hangar au cours de mon voyage low-tech et je dois dire que j'y ai découvert un projet à la fois pharaonique et à taille humaine.

Tout est pensé pour mettre le lien social et l'humain au centre du projet.
Un des poumons de la vie du bâtiment encore en travaux est le bar / restaurant qui propose des plats et produits locaux et de saison, de nombreux évènements culturels, des concerts ouverts, des cours de dessins ou encore des café débats.

Des salles de coworking et de réunions sont déjà ouvertes et mises à disposition pour des journées de travail et séminaires. Ces dernières donnent à voir à quel point il est possible et agréable de travailler dans des pièces dont les murs enduits de terre viennent naturellement réguler la teneur en humidité de l'air. L'expérience est similaire à un bâtiment conventionnel, voire meilleure grâce au côté chaleureux du lieu, et ce avec un impact minime sur notre environnement.

Au rez-de-chaussé, on retrouve une menuiserie, un atelier de travail du métal, un atelier pour réaliser les enduits terre ainsi que tous les matériaux de réemplois nécessaires pour chacune des activités.
C'est à la menuiserie que j'ai passé le plus clair de mon temps sous les conseils de Fabrice, le menuisier du Hangar. C'est au côté de jeunes en réinsertion que nous avons ainsi préparé le bois nécessaire au chantier participatif qui se déroulait au dessus de nos têtes.

Au contraire d'un bâtiment conventionnel, au Hangar Zéro la construction n'est pas une étape camouflée derrière des panneaux publicitaires. Non, il s'agit ici d'une phase à part entière du projet, permettant de partager des savoirs et d'impliquer les citoyen.ne.s dans le processus de construction. Des procédés utilisés à son organisation, le Hangar Zéro se veut donc "laboratoire de techniques de construction d'avenir".

Une ambition future est de pouvoir transformer les 1700m² des étages en une "pépinière d'entreprises tournée vers la transition et la résilience citoyenne".
Faisant se rencontrer dans un même lieu des associations, des entreprises et des citoyen.ne.s, le hangar Zéro se définirait alors comme un "écosystème local interagissant activement avec son environnement physique, social et économique."

Revenons sur le statut du Hangar Zéro, une SCIC.
C'est dans les Pyrénées que j'ai découvert pour la première fois ce type d'entreprise avec le projet Laine Paysanne en Ariège visant à relancer à sa manière la filière laine sur le massif.

Une SCIC, Société Coopérative d'Intérêt Collectif, est une entreprise qui a pour but "la production ou la fourniture de biens et de services d’intérêt collectif qui présentent un caractère d’utilité sociale". (BPI)
Nous sommes ici à mi chemin entre une entreprise et une association, dont les associés potentiels peuvent être les salariés de la SCIC , les bénéficiaires du service ou du bien jusqu'à une collectivité territoriale partenaire du projet.

Ce statut trouve son intérêt dans un projet de territoire voulant impliquer dans la prise de décision tous les types d'acteurs le tout dans un principe de lucrativité limité.
Il s'agit donc d'un statut permettant une approche globale et systémique, avec pour objectif de répondre aux besoins d'un territoire.

Et si, tout comme pour le Hangar Zéro, le statut de SCIC était un outil de prédilection pour voir fleurir des projets à la hauteur des ambitions de la démarche low-tech ?

Il n'y a jamais de réponse unique à un problème, et les réalités propres à chaque projet font que les solutions les plus adaptées sont souvent bien différentes.
Cependant, je trouve qu'un exemple comme le Hangar Zéro montre le potentiel d'une SCIC à faire discuter autour d'un projet concret des acteurs qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble.

C'était la conclusion,
Démarche low-tech et Société Coopérative d'Intérêt Collectif, un mélange explosif pour des projets d'avenir ? hum... qui sait ?

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