Rythmes du champs

C'était un doux soir de février, Un de ces soirs où l’hiver semble absent, Où l’air tiède caresse la peau, Où le soleil s’attarde, alangui, Avant de plonger sous l’horizon.

Là, au bord du champ, je me suis assise et j’ai fermé les yeux. Un parfum de terre soulevée, un bruit… ou plutôt des bruits.

D’abord, le choc des barres de fer, Sec, métallique, un rythme brisé. Les chaînes tintent, traînent, Le grincement rauque des roues Râpe le sol à chaque tour.

Puis, une voix fend le tumulte : « Vodka ! Igou ! Délice ! » Un appel, un ordre, un encouragement. La voix de Julia, claire et sûre, Guide, porte les chevaux dans leur labeur. « eh », « oh », « hu » — tant de sons Qui n’ont de sens que pour ceux qu’elle guide. Cela me fait ouvrir les yeux.

Ils sont trois, lourds, grands, musclés, tirant un lourd mécanisme. Au premier abord, seuls résonnent les bruits de l’attelage et la voix de Julia. Pourtant, en tendant l’oreille, on entend bien plus.

Autour, des bruits à peine audibles : Des pas rapides sur le sol humide, à peine retourné, effleurant la terre, Le chien court, tourne, disparaît, revient. Parfois, un hennissement, une bourrasque de vent, un aboiement, Ou, durant quelques secondes, la pétarade inattendue des chevaux.

Puis viennent les sons plus ténus : Le frottement doux du soc sur la terre, Le sol qui se referme en un bruissement discret. Parfois, retournée par le labour, Soutenue on ne sait comment, La terre s’affaisse dans un roulement sourd, Emportée par la gravité.

Les pas des chevaux sur l’herbe humide sont presque silencieux. Pourtant, si l’on se concentre un peu, On devine ce soupir d’herbes écrasées.

Et toujours, comme un écho lointain, Les oiseaux invisibles laissent une trace de leur murmure éphémère. Un silence, une note, une hésitation, c’est un chant, porté par le vent.

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